L'urbanisation galopante où cela mènera -t-il ?
Dans le Languedoc, l'urbanisation concurrence l'agriculture
| 14.08.10 | 13h59 • Mis à jour le 14.08.10 | 19h39
Le service de l'urbanisme de Clermont-l'Hérault, installé près de la mairie de cette bourgade de 8 000 habitants située à quarante kilomètres de Montpellier, n'a jamais vu défiler autant de monde : depuis que l'enquête publique sur la modification du plan local d'urbanisme a été ouverte, début juillet, les habitants se bousculent pour consulter le dossier et inscrire leurs remarques.
C'est que Système U emploierait sur place 130 personnes et que les autres entreprises promises sur la ZAC représenteraient un potentiel de plus de 400 autres emplois. "Le problème est simple, dit André Cazorla, maire de Clermont-l'Hérault et porteur du projet. Le taux de chômage est proche de 14 % dans le canton. Il faut saisir cette opportunité de créer des emplois." M. Cazorla est appuyé par la très grande majorité des élus de la communauté de communes.
Mais, depuis un an, le Collectif de la Salamane récuse cette logique. Pour Laurent Dupont, élu écologiste de la commune voisine de Paulhan, "c'est la porte ouverte à l'urbanisation de la plaine de l'Hérault". "On pourrait développer un projet de territoire vraiment agricole, avec la proximité de Montpellier, très demandeur de produits de qualité, la loi Grenelle, qui requiert 20 % des repas en agriculture biologique dans les cantines, et de nombreux exemples de maraîchers qui réussissent", suggère-t-il.
Le collectif est accusé d'être constitué d'"écolos bobos" par un tract anonyme de soutien à la ZAC. Mais il a réussi à créer un débat, qui renvoie, en fait, à la crise aiguë de la viticulture locale. "Dans les années 1980, notre cave collectait dans les 80 000 hectolitres. Aujourd'hui, on arrive à peine à 30 000, témoigne Michel Meyrieu, président de la cave coopérative viticole de Clermont-l'Hérault. Avant, quand les anciens s'arrêtaient, ils vendaient leur vigne à des plus jeunes. Maintenant, rien ne se vend. La plaine se vide. Ca fait mal au coeur de devoir arracher des vignes pour les remplacer par des maisons, du goudron, du béton..."