George Frêche est mort.
George Frêche souvenir...
George Frêche est mort, paix à son âme diront certains. Ce décès de l'homme politique le plus important de la région ne peut me laisser indifférent parce qu'il symbolise l'essence même de mon combat. D'autant plus symbolique que ce Frankenstein de la démocratie représentative était issu de la gauche.
Pendant 33 ans cet homme régna sans partage sur la ville de Montpellier puis en 2004 sur la région. C'est le pur produit de cette forme de démocratie qui consiste à élire quasiment à vie des hommes parfois des femmes. Leur pérennité au pouvoir s'explique par le réseau sans cesse croissant, je dirai même exponentiel, qu'ils tissent au fil des années, dispensant leurs bonnes grasses et leur sympathie au fil des rencontres, entre un rosé et une agape, entre un bon mot, parfois de goût douteux, et un éclat de rire. Ainsi se constitue un filet de connaissances disparates qui peut réunir parfois des extrêmes. Le monstre électoral se construit ainsi, devenant alors inamovible. Il se donne un profil de bâtisseur en impulsant des réalisations pharaoniques alors même que sa région est la plus pauvre de France.
Des frêches, il y en a des centaines en France à la tête là d'une mairie, là d'une communauté de commune, là d'un conseil général, cumulant les fonctions de députés ou de sénateurs. Qu'ils s'appellent Frêche, Jean Paul Fournier ou Balkany, ces monstres que distille notre système électoral, gangrènent la démocratie. Ils parviennent à se faire élire sur une vaguelette de votant d'à peine 50 % parfois, comme pour les régionales, en activant leur réseau d'influence. Ce ne sont plus des Présidents que l'on élit, mais des barons ou des rois. Ce n'est plus de la démocratie, le jeu est biaisé et les gens, de plus en plus nombreux, qui le réalisent ne vont plus voter.
Dans mon combat au sein du conseil, je peux pester contre un rond-point que je juge inutile, une bibliothèque que je juge malvenue, ou sur le mode de désignation des gérants d'un commerce tout cela n'a pas grande importance à mes yeux. La seule conviction que je veux promouvoir est l'introduction du débat citoyen à tous les étages de fonctionnement de la mairie, une intrusion permanente dans les affaires du village. Promouvoir plus qu'une influence, mais l'action au cœur même de l'institution. Cela s'appelle la démocratie active. Promouvoir la participation aux conseils municipaux, avec un quart d'heure citoyen où chacun peut s'exprimer en début de conseil et non à la fin, introduisant le débat au cœur même de l'assemblée, des pétitions ouvrant un point à l'ordre du jour au conseil, le référendum d'initiative populaire pour les grands projets comme une bibliothèque ou un rond-point par exemple.
Bref, des outils simples de démocratie pour mettre tout élu devant ses responsabilités de représentant du peuple, pas d'un réseau d'amis. Bien sur mes convictions politiques me conduisent à aller plus loin dans le sens de cette intrusion citoyenne permanente. Pas de cumul des mandats, pas de renouvellement de mandat, possibilité d'interrompre le mandat d'un élu par référendum. Autant de propositions qui débarrasseraient la vie politique de ces petits ou grands rois inamovibles aux pouvoirs exorbitants comme le fut George Frêche.
Christian MARTIN
Commentaires
un enorme travailleur, qui savait surtout qu'on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs, a l'inverse de ceux qui voudraient le beurre et l'argent du beurre et qui en fin de compte ne font rien pour ne peiner personne, puis qui partent en laissant la merde